Référendum d’Alsace. Suivi par de nombreux observateurs politiques. Le peuple voulait-il l’unification du Bas-Rhin (Chef-lieu Strasbourg) et du Haut-Rhin (Chef-lieu Colmar) ? Le tout formerait une seule et unique collectivité territoriale. Il y avait un consensus général pour le Oui.
Élus de droite comme de gauche s’étaient déclarés en sa faveur. Les sondages aussi. Oui, confortablement. Patatras ! D’abord les électeurs ont boudé les urnes. La participation n’a pas atteint le quart des inscrits. Abstention monstre donc. Ensuite le résultat du vote a été négatif. Le Oui n’a fait que 45% dans le Haut-Rhin. Cela suffisait pour faire capoter le référendum. La fusion, en effet, devait être approuvée par la majorité dans chaque département. Ce ne fut pas le cas. La réforme était donc rejetée même si le vote du Bas-Rhin lui était favorable à 67%. Comment analyse-t-on ces résultats ? On constate combien s’est élargie la faille entre le peuple et les élites. La crise est passée par là. Les questions institutionnelles ne sont pas attractives. Les élus avaient envisagé de faire des économies en réduisant le fameux mille-feuilles administratif et ses compétences s’entassant les unes sur les autres en doublons. Les Alsaciens de base ont jugé pour leur part que l’Etat et le département sont plus sûrs et plus protecteurs. Le vote a été d’autant plus négatif que les enjeux n’étaient pas clairs. Le résultat a l’effet inverse de ce que l’on voulait. Le siège de la collectivité étant à Strasbourg, les électeurs de Colmar et du Haut-Rhin se sont méfiés de la boulimie de la capitale territoriale. Ils ont eu peur d’être lésés. Voilà qui contredit l’idée même d’une unité régionale. Une fois de plus les Sud et les Nord diffèrent. Sans doute aussi une autre dimension doit être prise en compte. Les départements créés par l’Assemblée Constituante de 1789, ont une existence plus que bicentenaire. La structure a fait ses preuves de solidité. Les gens y sont attachés et ne veulent pas s’en séparer. Au surplus Strasbourg est déjà siège du Parlement Européen et de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Dans cette lancée les élus alsaciens voulaient rendre obligatoire l’enseignement de la langue allemande, pour des raisons économiques évidentes. Ce bilinguisme n’a pas suffit à séduire les électeurs. Peut-être en a-t-il éloigné plusieurs du Oui. Les Alsaciens n’oublient pas que la Marseillaise fut composée à Strasbourg pour l’Armée du Rhin. Son auteur, Rouget de Lisle la chanta la première fois chez Dietrich, le maire de la cité, accompagné au clavecin par la nièce du premier magistrat. Et on ne peut oublier l’accueil enthousiaste de la population strasbourgeoise à l’armée de Leclerc venue la libérer en1944 et dans laquelle figuraient tant de Corses.
Marc’Aureliu Pietrasanta